2 mars 2015.
L'IWF (international weightlifting federation), la fédération internationale d'Haltérophilie, semble vouloir imposer à tous les représentants des pays affiliés de ne gérer qu'un seul sport compétitif: l'haltérophilie. Elle semble décidée aujourd'hui à imposer cette règle à la France (donc à la FFHMFAC). Ceci implique de facto que la FFHMFAC se réorganise sans autres disciplines que l'haltérophilie. Du moins c'est ce que le CD du 18 janvier semble vouloir proposer à la prochaine AG. Cette orientation est recommandée par une étude juridique commanditée auprès du CDES (Centre du Droit et d’Economie du Sport) qui pourtant en envisage bien d'autres. Force est de constater que cette situation semble satisfaire avant tout des dirigeants de la FA, apparemment pressés de saisir l'occasion, qui annoncent en effet, avant même l'assemblée générale de mars, qu'une nouvelle fédération est créée avec les disciplines bien vite évincées.
Mais quel est le problème de l'IWF? d'une certaine manière les culturistes peuvent en avoir aussi une petite idée.
Loin de moi l'idée de savoir mieux que nos amis haltérophiles ce dont il retourne vraiment, n'étant pas moi-même de cette discipline. Mais tout de même, nous (l'haltérophilie, le culturisme et aussi bien sûr la force athlétique) avons une longue histoire commune. Et après tout, certains problèmes viennent peut-être aussi de là. Notons que le rapport du CDES précise que "les motivations de cette décision n’ont pas été portées à la connaissance de la FFHMFAC, et cela malgré une demande écrite explicite de la part de la FFHMFAC". Les règlements internationaux (ceux de l'IWF adaptés pour ce faire) s'imposeraient-ils sans raisons? Alors, il est certainement intéressant de s'interroger sur celles-ci...
Bien que l'année du centenaire ait été célébrée comme le "centenaire de l'haltérophilie", la fédération créée le 23 mars 1914 avait pour nom "Fédération Française de Poids et Haltères" (FFPH). L'haltérophilie("weight lifting"), pour sa part, est apparue aux jeux olympiques dés 1896. A cette époque la culture physique (dont les concours dits de "beauté plastique" sont apparus plus tard dans les années 30 en Angleterre) faisait partie des sports de "poids et haltères". Selon le site de l'IWF, la fédération internationale devient entre 1959 et 1969 la FIHC (en français sur le site), la fédération internationale d'haltérophilie et culturisme.
Parallèlement c'est en 1946 qu'est créée l'IFBB (International Federation of Bodybuilding and Fitness) qui reste relativement confidentielle à ses débuts. Ce n'est alors probablement pas une coincidence si l'IFBB connaît le succès que l'on sait alors que la FIHC devient la FIH en 1969, puis l'IWF l'année suivante. Qui connaîtrait encore l'haltérophilie, si celle-ci n'était pas sport olympique? mais qui ne connait pas aujourd'hui les professionnels de l'IFBB dans le monde?
Et pourtant! quel avenir aurait pu connaître cette culture physique si elle avait été mieux règlementée? Après l'IWF, c'est la fédération américaine AAU (Amateur Athletic Union) qui doit se restreindre aux sports plus olympiques et se séparer du culturisme (bien que des compétitions de culturisme aient été maintenues jusqu'en 1999). C'est alors que se crée le National Physic Commitee (NPC) en 1974 qui représente l'IFBB aux USA. Le détachement et la dérèglementation conséquente du culturisme se poursuit internationalement.
En France, pays où le sport est très règlementé, on accuse aujourd'hui en retard par rapport à l'IWF. Le culturisme (culture physique) est resté associé à l'haltérophilie dans les différentes structures qui se sont succédées depuis la création de la FFPH, et qui aboutissent en 2001 à la FFHMFAC. Si l'haltérophilie reste relativement unie au niveau national, il n'en est pas de même pour le culturisme, ni même pour la force athlétique et le développé couché. Pour le culturisme cela reflète aussi la dérèglementation internationale toujours en cours: pas moins de 10 organisations en France se recommandent actuellement de l'un des 15 organismes, dont l'IFBB, qui ont surgit depuis 1946 et continuent de fleurir au niveau international!
La décision de l'IWF est cohérente au vu de son histoire et de celle du culturisme. Un manière de faire un peu de ménage pour son sport, et probablement d'améliorer sa gestion internationale, est précisemment d'exiger que chaque organisme affilié ne soit affilié qu'à cette seule organisation. Vu côté culturisme, l'UIBBN (créée en 1997) pourrait exiger la même chose des organismes affiliés. On aurait peut-être quelques surprises. Mais il faut être assez puissant pour pouvoir exiger cela. Une discipline olympique dispose de leviers plus efficaces. On peut tout de même s'interroger si cela n'est pas aussi un effet colatéral des luttes que se livrent certaines fédérations internationales autour de leur maintien au sein de la famille olympique ou de leurs espoirs d'accéder à cette famille.
Alors, peur du culturisme ou retrait frileux autour de l'olympisme?
Le culturisme international est tellement dérèglementé qu'il sembe ingérable, du moins comme un sport. La France est peut-être un des rares pays où existe encore un bastion de résistants, qui croient aux valeurs portées par cette discipline, le bien être et la santé. De son côté l'olympisme se restreint de plus en plus à une minorité de sports, étant donnés la variété croissante des pratiques et la multiplication des sports. Une chose est sûre. A l'heure où l'État en France tend à restreindre et concentrer ses moyens pour le sport, l'heure n'est pas à la dispersion. Il nous faut trouver à tout prix les moyens de rester unis.
Peut-être doit-on plus sérieusement considérer les solutions autres que des sissions.